Montée illégale à bord de Tara, bateau de ...
expédition scientifique polaire en escale à Nantes.
Mercredi 13 octobre
La vie de nomades s'appuyant sur la générosité et la confiance des inconnus rencontrés au gré des vents est une perpétuelle surprise. Cependant, si, en ce froid matin d'automne, on m' avais dit que l’autostop permettrait de rencontrer le directeur général d'une start-up parmi des plus en vue à l'ouest de Paris, j'aurais été pris d'une crise de fou rire.
Sur un bout de terre en bord de route à Vannes, c'est bien Jean-François Denis qui s’arrête et propose d'aller à Nantes ensemble. cet homme qui m'était inconnu jusqu'alors est en responsabilité chez AMA en point sur la télémédecine et la retransmission en direct en chirurgie.
Déjà surpris par la rencontre impromptue, j'allais l'être encore plus par les sujets de discussions. Passons sans détails sur les levées de fonds pour startups, les modèles de soutiens à entrepreneuriat et la difficulté sociale de nombreux startupers, Jean-François aborde rapidement des problématiques environnementales. Je peux jurer n'avoir en aucun cas instigué un thème écologique, l’initiative vient bien de mon hôte.
Ainsi se sont la rationalisation de modes de transport et les problèmes d’efficience des réseaux de mobilité en Bretagne, la nécessité d'un révolution des modèles agricoles, le greenwashing dans les magasins "Bio" à la mode, l'aberration des dépenses logistiques sur les infrastructures de déplacement ou encore la prépondérance des énergie fossiles dans l'industrie automobile qui passent au grill de nos échanges.
On imagine tout deux faire le même trajet qu'aujourd'hui avec un véhicule électrique sans vidanges à 1000 euros, avec un plein à 2 euros, pas de particules fines dans l’atmosphère et arriver à un aéroport équipé d'un réseaux de transport commun digne des défis environnementaux.
Les entrepreneurs bretons sont peut être de doux de rêveurs pour certain mais on ne nous enlèvera pas que nous entreprenons pour tenter de résoudre ces défi# Jeudi 14 octobreMontée illégale à bord de Tara, bateau de l'expédition scientifique polaire en escale à Nantes.
Un jeudi matin sur l'île de Nantes attendu de très longue date, la goélette Tara est en escale à Nantes depuis la veille au soir. Cette très belle et importante expédition scientifique parcours le monde des océans depuis 10 ans avec comme objectif la compréhension des rapports :
– Océan et Homme
– Océan et Biodiversité
– Océan et Climat
Après une d'expédition prisonnière des glaces de l’arctique(2007-2008) puis autour du monde pour étudier le Plancton (2009 - 2012), un tour polaire arctique (2013) suivi d'un tour de Méditerranée (2014), Tara et son équipage sont juste là sous mes yeux sur le quai de l'île de Nantes. Je ne pouvais manquer l'occasion de monter à bord pour rien au monde.
Après une bonne heure d'observation à distance depuis le haut du parvis sur l'ile de Nantes, je comprends que l'accès n'est pas publique en cette matinée et que seul les journalistes ayant prévus un interview se glissent à bord du navire.
Il y a des portes en métal à digicodes, la Loire froide et pleine de courant(s), une hauteur de vide de 5 m, impensable de se prendre pour spiderman avec en plus un sac de randonnée chargé et un ordinateur portable.
De vieux réflexes de franchiseur d'obstacles m'ont quand même poussé et permis de surmonter les premières barrières avec un peu de concentration et d'équilibre. Je croise immédiatement une personne très surprise de voir un vagabond chargé comme un mulet sur le ponton d'accès.
"Bonjour, Monsieur, j'ai fait 700 kilomètre en stop pour espérer quelques minutes sur Tara et rencontrer son équipage." L'air décontenancé de cette personne vêtue comme un élu de métropole restera gavé dans mes souvenirs.
J'ai ainsi champ libre pour descendre jusqu'au pont de la goélette où je rencontre André, directeur environnement et climat de l’expédition. Il semble tout aussi surpris que moi de la situation mais plus à l'aise et très accueillant. Il m'invite à bord au carré équipage avec le reste des membres présents.
Les présentations d'usages rapidement balayées, c'est la biologie qui nous connecte avec André et l'équipage présent qui tend finalement une oreille attentive. La revue Science et l'édition spéciale Tara est de sortie pour parler étude de l'ADN des planctons à très grande échelle ( méthode PCR, DNA barcoding...). Les chiffres de Tara sont impressionnants, cela représente la plus grande étude scientifique jamais réalisée sur cette approche.
Je lance les questions qui me chatouille, "_Pourquoi cela à été possible maintenant et pas avant ?"
" Les réponses sont franches, "La maturité du projet Tara, l’évolution technologique vers la miniaturisation et la chute des coûts des méthodes et machines".
Sur un bateau la place c'est la vie et il faut mettre l'argent dans les vivres et la sécurité pour rester sur le site de travail.
Cela me permet d'aborder la question des observations de la modification de l'ADN des planctons et bactéries du milieu océanique au contact des micro particules de déchets plastiques. Bien que leur base de données produites soit très récente et reste encore à traiter, il semble il y avoir une grand inquiétude dans les propos des scientifiques. Il faudra attendre confirmation lors des interprétations de DNA barcoding.
Nous passons à une rapide discussion sur le biohacking, les sciences citoyennes et participatives. Sur le matériel et les techniques je perçois que nous pouvons nous entendre. Il y a même un membre de l'équipe qui signale avoir travaillé sur le Rov d'exploration polaire que nous avons croisé et bricolé sur l'étape de Concarneau du #BretagneLabTour, 6 jours auparavant. Le petit monde des sciences et de la mer des humains me fait sourire.
Pour ce qui est des citoyens dans les sciences du vivant, de la possibilités de "bidouiller" des bactéries dans son garage ou de produire de la données quand on est plaisancier, je pense que nous avons des divergences. Les arguments de qualité, de déontologie des membres de Tara sont justifiés mais la réalité concrètes d'un monde qui change est dans mon sac à dos.
L'histoire ne pouvant s’arrêter là malgré le temps qui à filé à toute vitesse, j'apprendrais en fin de tour que je suis officiellement invité sur Tara pour l’inauguration des évènements K-nopée. Une occasion de continuer nos échanges qui ne peuvent que nous enrichir de nos différences.
André Abreu est l'une des personnes marquantes de ce Tour, cela confirme qu'avant toute autre considération cette aventure est une histoire humaine faite de rencontres et de confiances.
Et si je vous dis que j'ai croisé un éléphant sur l'île de Nantes en remontant depuis le bateau ? L'histoire vous paraitrait impossible et l’explorateur un peu trop allumé ?