Carnet de pensées du début du tour à St Brieuc

Mercredi 30 septembre 2015

La question du jour serait comment soulever les foules autour de ce projet collaboratif ouvert qu'est le Bretagne Lab Tour?

A l'évidence nous avons du mal à embarquer certaines communautés locales dans notre enthousiasme, ce qui est forcément un frein à la mobilisation des habitants des villes où sont implantés ces labs. Les distensions qui ont cours à Brest et St Brieuc sont certainement un facteur aggravant bien que certaines personnes dans ces villes semblent voir dans notre démarche une ouverture sur de nouveaux canaux de fonctionnement ou tout au moins une bouffée d'air dans un climat lourd et orageux.

Les efforts de préparation en co-construction seront payants, nous en partageons tous la conviction dans le noyau de forge de ce tour. Cependant, j'ai beau répéter à coup de téléphone insistant que nous ne venons ni faire du tourisme ni faire du colonialisme, il apparait que note démarche et surtout notre discours aient du mal à percer les cloison des pré carrés que sont ces totems de la ville dynamique, les FabLabs. La réalité est que** peu individus autour ces labs jouent le jeu de la diffusion, de l'ouverture, de la décentralisation et des modèles distribués**.

Nous pourrions nous reprocher à nous même de ne pas avoir de partenaires "lourds" légitiment ce tour aux yeux de nombreux interlocuteurs, nous pourrions accepter la critique de la faiblesse de notre puissance de communication sur ce tour. Peut être sommes nous en dessous de certains standards sur la forme. Notre budget se résumant au capital risque de temps investit en bons entrepreneurs, nous aurons à cœur de pouvoir être jugés sur le fond et le contenu.

La question du jour reste donc toujours la même, comment embarquer plus loin dans notre enthousiasme les acteurs hôtes de tour ? J'y adjoindrais que nous devons également nous poser la question pressante de comment attirer les usagers du territoire dans cette aventure?

Il y a derrière cette histoire de Bretagne Lab Tour des enjeux, socio-économiques et environnementaux trop grands et trop importants pour qu'il ne restent que le fier jouet d'un groupe d'initiés. Si nous voulons qu'il y ait un sens profond et un impact dans le temps long activés par ce tour et les parties prenantes de ce tour, nous nous devons d'un faire un outil accessible et compréhensible au delà de nos univers d'activités spécialisées.

La semaine étant consacrée au bouclage des étapes et à la mobilisation des équipes, je peux dire qu'à mi semaine les équipes commencent à émerger et qu'il reste la moitié des étapes du tour à dessiner.

Jeudi 1er octobre 2015

Après la préparation de l'été et 17 jours consécutifs en septembre de discussions avec 7 interlocuteurs "décideurs" à St Brieuc , j'appelle par hasard au standard du lieu étape St Brieuc Factory. À ma très grande surprise personne n'est au courant de rien sur un tour ou sur une journée particulière le 6 octobre. Mon impression première par téléphone à St Brieuc Factory est que je dérangeais vraiment la personne avec ma proposition. J'espère que la journée de mardi prochain viendra grandement contre dire mon ressenti à distance.

Note : qui gère les comptes de réseaux sociaux de ces lieux Briochins ? Je m’aperçois qu'ils ont été prévenu(s) très tôt en plus des mails et échanges téléphoniques de cadrage.

Brest demeure un mystère de fonctionnement... un tweet énigmatique tombant pour dire "tu es le bienvenu à l'openLab jeudi soir". Tout le temps pris par téléphone, les rencontres physiques, les mails de rappel, les explications... ne semblent pas activer autre chose que les tensions habituelles entre les communautés du territoire. Personne ne prenant une décision claire sur la proposition d'atelier collaboratif à ce jour, ce qui est "le [fab lab brestois](http://www.septjoursabrest.fr/2014/09/24/les-fabriques-du-ponant-le-fab-lab-brestois-inaugure/#sthash.NSkYNzsg.dpuf)\) qui a bien l'intention de devenir un lieu d'ébullition permanente" est bien loin de ateliers de navigateur ou de la petite médiathèque du centre Bretagne en terme d'accueil et d'ouverture à la collaboration.

Les processus de communication et de gestion, au sein de ses espaces et dans leur mécanismes de collaboration avec l'extérieur, semblent être un point d'amélioration urgent et vital. Sans apport de savoir-faire sur ces point clés, les situations ubuesques vont s'entasser les unes sur les autres enfonçant ces communautés et lieux dans une renferment locked syndrome.

L'enfer étant pavé de bonnes intentions, il ne suffira de se vouloir ouvert et libre ou de se dire collaboratif et citoyen pour arriver au résultat le plus élémentaire que l'on peut attendre de ces espaces: l'accueil, l'ouverture, le partage conjugués dans un seul mouvement de bienveillance spontanée. Usbek et Rica auraient-ils de nombreuses missives à échanger aujourd'hui en Bretagne ? Si ce tour n'est pas un recueil épistolaire critique, il promet tout du moins d'être animé de moments singuliers et révélateurs.

Note positive de la journée : Je suis très touché par l'accueil et la mobilisation en cours à Pontivy, ville où je suis né. Cela devient même très gênant. Je ne suis pas un entrepreneur qui a réussi ou une rock star, je ne suis pas un élève des écoles de Pontivy. Mais ils annoncent l'étape comme celle du "retour au pays" d'un enfant du centre Bretagne... J'ai beaucoup de mal à remonter les fils de ces pelotes typiques du centre Bretagne mais je constate que ces territoires et ses habitants ont un grand besoin d’émancipation par rapport à l'image désuète du "sans terre" que portait les paysans bretons il y a longtemps ( Le cheval d’orgueil, mémoire d'un breton du pays bigouden, Pierre Jakez Hellias). Le stéréotype du pauvre de l'arrière pays face au riche de la côté poursuit le talentueux du centre de la région jusque dans sa névrose avec laquelle il se dévalorise.

"Trop pauvre que je suis pour acheter un autre cheval, du moins le Cheval D'Orgueil aura-t-il toujours une stalle dans mon écurie" Alain Le Goff l'ancien

"Leur part d'honneur leur est dérobé et le sera toujours tant qu'ils n'écriront pas les bulletins eux-mêmes" T.E Lauwrence , Les sept piliers de la sagesse.

Je mettrais donc certainement une plus grande application et développerais une implication particulière à la réalisation des ateliers de cette étapes à Pontivy. Ce sur-engagement se fera tout aussi inconsciemment par empathie particulière que par la volonté d'investir à la hauteur des énergies déployées par les acteurs de Pontivy.

Dimanche 4 octobre 2015

Comme un signe, après 2 semaines de météo estivale les trombes d'eau de l'automne. L’appréhension de conditions difficiles noue légèrement l'estomac.

Lundi 5 octobre 2015

Une journée qui commence difficilement sous la pluie peut toujours se finir chaleureusement chez de nouveaux amis. C'est un peu la phrase qui résume a elle seule se premier jour de tour de Bretagne. Une maxime qui doit en grande partie sa naissance à Amélie Brocail qui dans un délais de réflexion proche de la fraction de seconde s'est proposée de m'héberger des mon arrivée à la Matrice coworking. J'étais très gêné à peine installé sur mon nouveau bureau temporaire. j'allais très vite chercher à me cacher sous la table lorsqu'à la pause café Amélie présente ses excuses car il faudra faire un détour avant de rentrer pour récupérer son fils de deux ans chez la nourrice et que son mari sera peu disponible car il est alité pour cause de blessure au dos. A cet instant précis j'ai failli faire demi tour et rentrer comme j'étais venu mais habillé pour l'hiver d'embarras face à cette générosité et cette spontanéité.

Le trajet qui mena à cette rencontre forte en simplicité humaine ne restera pas dans les livres comme une singularité de rencontre. Je ne m'étais pas levé ce matin en passant qu'un conducteur s’arrêterait un proposant de déposer à destination si je lui roulait son joint pendant qu'il conduisait. Dans une ambiance 205 Peugeot concert de Soprano de Marseille et pas de l'opéra, ce tube roulé enfumait l'habitacle sous couvert de soulager une polyarthrite d'un gaillard de 35 ans m'expliquant qu'il sortait tout juste du CHU de Ponchaillou de Rennes. Il est minuit et j’hésite encore à me dire que j'ai peut être pris un risque ou alors que j'ai juste profité d'un revival musical des années mouvementées à Marseille déambulant entre les cités le Plan D'aou, la Castellane et la Viste.

Ce tour est donc bel et bien lancé, cela fait du bien. Les incertitudes sont toujours omni présentes mais les réalités de la surprenante diversité humaine les soulages partiellement.

Mercredi 7 octobre 2015

Intense, c'est le mot qui colore ce démarrage de tour. Je m'étais fixé comme gymnastique personnelle d'écrire chaque jour des pensées et réflexions provoquées par les..... de ce tour. Il manquera déjà les lignes du jour deux. Pas très disciplinée comme gymnastique.

Intense, car j'ai été très troublé de ressentir une forme de déchirement en quittant la matrice et son équipe dès le mardi midi pour rejoindre St Brieuc Factory. Je suis entré dans un espace de travail partagé comme un inconnu ingénu, je repars en deux demi journée avec des amis, des intimités partagées et la sensation d'être contraint par le Tour de repartir alors que naissait une complicité qui ne relève pas uniquement du champ lexical professionnel entre initié.

Intense, car même si l'objectif de passer la majeure partie de l'étape autour d'un atelier de fabrication collaborative fut très difficile, à cause de fonctionnement et de frein de St Brieuc Factory, nous avons une importante quantité de données à traiter avant de passer à la suite des aventures.

Intense, car une partie de l'équipe de la Matrice à fourni l'effort surprise de venir passer l'après-midi du l'étape à St Brieuc Factiory malgré l'ambiance locale incroyablement malsaine. Une météo très Briochine illustrée par le "Oh fait chier!" de Mme la cadre de ST Brieuc agglomération lorsqu'elle ne récitait son discours d'accueil au FabLab municipal en voyant la bande de "matriciens" se joindre poliment à cette dynamique collective ponctuelle que nous proposions dans le cadre tu tour.

Intense, nous avons immergé 3 étudiantes de l'EESAB dans cet univers de l'innovation ouverte et collaborative comme si elles étaient des membres rompus aux usages de ces lieux et communautés. La réalité étant qu'à 9h00 du matin elles ignorait tout d'un tiers lieu et d'un programming sur Raspberry Pi et qu' à 18h elles avaient fait et documenté avec des inconnus leurs propres accès internet DIY. Intense, car pour trouver un lit et un toit à Brest c'est une communauté de twitos quasi inconnu pour nous qui s'est mobilisée immédiatement pour nous secourir. Intense, car toutes ces personnes rencontrées et tous ces moments co-construits je les laisse très vite dans leur espace et leur temps propres à chaque fois qu e je dois reprendre les routes.

L'étape St Brieuc fut compliqué et nous avons sauvé les meubles en improvisant un atelier programming et un autre atelier conseil. La première journée Brestoise nous assoiffe encore un plus de Faire et le jeudi se profile ne devrait que difficilement étancher notre envie.

Il y a des mois de préparation derrière ces intenses journée, ce qui ne nous prémunis pas des météos internes au communauté et territoire dans les quels nous nous rendons. A Brest comme à St Brieuc les rapports humains sont à l'orage.

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