1ère étape à St Brieuc - 6 octobre 2015.
Pour cette première étapde de ce tour, 3 étudiantes de l'École Européenne Supérieure des Arts de Bretagne nous rejoingnent depuis l'école de Brest. Une immersion et une journée en learning by doing dans des univers et des cultures peu fréquent dans les écoles supérieures et les universités.
Intervenants de l'étape
- Xavier Coadic, co-fondateur du Biome
- Quitterie Largeteau, Biohacking safari
- Julie Kelberine ,étudiante designer à l'EESAB (Brest)
- Enora Grill, étudiante designer à l'EESAB (Brest)
- Alizée Gerard ,étudiante designer à l'EESAB (Brest)
Alizée Gerard :
J'ai découvert le Bretagne Lab Tour via Xavier Moulin, professeur à l'EESAB et Corentin Vitré, en master à l'EESAB. Après un peu de documentation, j'ai découvert qu'il traitait de sujets qui m’intéressaient particulièrement, notamment le biomimétisme. C'est donc par curiosité et par envie de partir à la rencontre de personnes de domaines divers que je me suis lancée avec mes deux collègues sur l'étape de Saint-Brieuc.
Julie Kelberine :
Je fais partie des curieux des hackerspaces, fablabs, espaces de coworking... Ces concepts sont séduisants mais je vois pas très bien le fonctionnement. Donc, quand Xavier Moulin nous a proposées d'assister au Bretagne Lab Tour, je me suis dit que ça me permettrait d'y voir plus clair et de rencontrer des personnes-ressources qui sont et qui font ces systèmes.
Enora Grill :
Curiosité, pluridisciplinarité et investissement sont des qualités à exploiter dans le développement de notre projet dans le court temps imparti des années de Master. C'est pourquoi j'ai eu l'envie de rencontrer les acteurs du Bretagne Lab Tour et d'y participer. C'est une étape enrichissante en connaissances, en liens et en compétences. C'est également un terrain dans lequel nous pouvons évoluer en apportant nos acquis et nos compétences, et donc participer à un échange bénéfique dans plusieurs domaines qui touchent à la transition.
Visite de la la:matrice
L'histoire de la:matrice, espace de coworking en plein de coeur de la ville de ST Brieuc
La Matrice est un tiers lieu dont l'histoire remonte à 2009, de la volonté d'une dizaine d'acteurs et de curieux du numérique à Saint Brieuc qui se réunissaient via des appels sur Twitter.
D'un hackerspace dans l'arrière salle d'un bar, au Soupson où ses usagers du territoire aimaient bricoler de l'internet libre, de la soudure de composants ou du phosphore d'économie sociale et solidaire, est né la volonté d'un espace partagé hybride entre vie et travail pouvant accompagnaer l'émergence de tels projets. Au fil des collaborations, l'équipe de la Matrice s'est fait reconnaitre sur le territoire et s'est retrouvée à gérer son propre lieu du "troisième type".
L'espace de la Matrice fait aujourd'hui co-location dans les murs du siège du journal régional le Télégramme. Nous sommes reçus dans une actualité élevée pour ce lieux et sa communauté avec la réalisation du TEDx Saint-Brieuc et la mise en oeuvre d'un Startup Weekend (16-18/10/2015).
Les projets de la:matrice en 2015
- Les nouvelles extensions internet
- Les ateliers de la Fabricatruc
- Imprimante 3D Delta rostock
- Minitels transformées en interface pour Twitter
- Système paiement pour l'accès à l'espace de travail partagé
- Openscad micro robotic arm & ARCS: Arm Robot Control Software
Pour apprécier le contexte, on pourra lire les Interviews et rencontres de la veille à la Matrice.
Pour appréhender le fonctionnement de la:matrice, interview de Philippe Hervy (trésorier), Véronique Duplessy (secrétaire), Ludovic Arnold (coordinateur de l'asso) et Camille Bibard.
Philippe Hervy, Ludovic Arnold, coordinateur et salarié de l'association trésorier de l'association et Véronique Duplessy, secrétaire de l'association
Interview de Philippe par Julie Kelberine
Quels sont les intérêts du co-working ?
Philippe : après avoir travaillé à domicile, j'ai éprouvé le besoin de sortir d'un environnement familier et familial. L'espace de co-working propose un lieu qui me permet de travailler en sortant de chez moi et d'échanger, de rencontrer différentes personnes. Formuler des problèmes à voix haute m'a souvent permis de les résoudre. Mon intérêt pour le lieu m'a ammené à faire partie de l'asso et de prendre part aux projets emmergents tel que la maker race.
Peux-tu nous en dire plus sur MakerRace ?
Philippe: le concept de MakerRace (inspiré du projet Vikart) a émergé suite à la MakerFaire de 2014 [Saint-Malo ou Paris ?] Il s'agit de concevoir des "bolides" et d'organiser une course. Les contraintes de construction : au moins une roue, un moteur automatisé et à moins de 400 euros. Ce projet de fabrication collaborative orienté jeune publique. est porté par la Matrice.
En novembre 2014, l'équipe a répondu à l'appel à projet d'Orange sur les " fablabs solidaires pour les jeunes" ce qui lui a permis de gagner 35 000€. La volonté de Maker race est de fédérer des jeunes de 12 à 25 ans autour du Faire ensemble et "learning by doing".
L'équipe du projet se rend dans différentes villes des côtes D'Armor (Quintin, Quessoy etc) où elle collabore avec les structures jeunesses locales. Des ateliers sont organisés les mercredi et vendredi soir, ainsi que pendant les vacances scolaires.
La course est prévue pour le 4 Juillet, mais se verra décalé au 12 septembre suite à des complexités administratives liées aux courses de véhicule à moteur.
En 2016 est prévue la prochaine édition qui vise un public plus large, comme pensé initialement, mais modifié par l'appel à projet. Il se fera avec le petit écho de la mode (originellement un journal, aujourd'hui un lieu en réhabilitation). L'ambition est de créer un fablab.
Retours sur l'édition
- Travail avec des structures de jeunes dans plusieurs villes de Bretagne près de Saint Brieuc.
- Difficultés d'adhésion / d'investissement des jeunes (gratuité ? déplacement de l'équipe ?)
Contexte du territoire
- Saint Brieuc est un territoire attaché aux vieilles voitures luxueuses
- Saint Brieuc est une "Ville du Faire", liée la construction automobile
Quelques mots de Véronique Duplessy
Julie: Comment es-tu arrivée à La Matrice ?
Véronique: Je suis arrivée, dès le 21 mai 2013, date de création du lieu, car je connaissais déjà Ludovic qui était aux prémices du projet. En tant qu'entrepreneuse, je trouvais ça plus enrichissant de travailler dans un tiers lieu où les rencontres avec d'autres personnes favorisent l'émergence de projets et l'acquisition de diverses compétences.
Philippe Hervy, Ludovic Arnold et Véronqiue Duplessy
Interview de Ludovic Arnold
Julie: Qu'est-ce que la:matrice ?
Ludovic: La:matrice est un espace de co-working, un tiers lieu où se crée des connexions et qui répond à des besoins locaux grâce à un écosystème global. Le terme "matrice" vient de l'appareil génital féminin qui reprend les notions de protection, de lieu sécurisé et de compilation. La:matrice propose un service sur le territoire pour tous.
Quel est ton rôle au sein de la:matrice?
ludovic: Je suis le concierge, le connecteur, l'agitateur... je cherche à mettre en relation une diversité de personnes dans l'éventualité de rencontre de personnes ayant des besoins identiques ou complémentaires. L'expérimentation est un outil, une des bases du hacking comme la cuisine ou la couture. Tu bidouilles, tu détournes, tu testes et tu vois si ça fonctionne ou pas. Il n'y a aucune obligation de résultat. Le principe de ce tiers lieu c'est également l'apprentissage par la pratique, où l'apprenant devient sachant et transmet ce qu'il a appris. Et la boucle est bouclée.
Interview de Camille Bibard
Julie : Qu'est ce qui t'a amené à la:matrice?
Camille: j'avais besoin d'un espace pour travailler sur mon mémoire qui m'impose des horaires fixes et me permettent d'échanger avec d'autres personnes. Je viens des sciences humaines, je travaille sur les problématiques numériques notamment la vie privée sur internet.
La:matrice me permet d'être dans un lieu moins formel que la bibliothèque avec un esprit hacker un peu bordélique, sans trop de règles. Je viens de passer trois mois à Bruxelles et je n'ai pas trouvé d'espace de co-working équivalent, mais plus des lieux qui ressemblent à des pépinières d'entreprises. Dès mon arrivée, j'ai rapidemnt commencé à mettre en place des ateliers et je me suis senti à mon aise. C'est donc par envie de m'impliquer d'avantage que depuis janvier 2015, je suis devenu administrateur dans l'asso.
Commentaire des 3 étudiantes en design de l'EEASB :
(Après avoir mené en autonomie les entretien à la Matrice)
En tant qu'étudiants, nous sommes souvent que trop peu informés des débouchés que nous permettent nos formations. La rencontre des membres de la:matrice nous a permis d'y voir plus clair sur les différentes voies de la vie professionnelle et d'en savoir plus sur le co-working, méthode bien particulière de travail qu'on retrouvait déjà, sans le savoir, dans l'utilisation commune de nos ateliers à l'école.
Un biohacklab à st Brieuc?
Déjeuner avec Alexandre Solacolu & Claire Berthot
sur le port du Légué
par Quitterie Largeteau et Xavier Coadic
Alexandre (juriste en droit maritime à l'origine) fait partie d'un club d'entrepreneurs à l'origine de ces projets notamment impliqué initialement dans le sponsoring voile. Cette expérience lui a fait comprendre que les partenariats se jouent plus souvent sur la qualité d'un message que sur le résultat en tant que tel (dans ce cas, le fait de gagner une course).
L'enjeu aujourd'hui est l'innovation ouverte, il est question de libérer les imaginaires: il y a une richesse intellectuelle ici qui mérite d'être davantage développée et il y a la place.
La thématisation océan est clé pour le 21ème siècle d'où l'envie de développer un endroit de catalyse comme la paillasse océan qui donne du corps au concept. Une Paillasse Océan vue par Alexandre
Alexandre et Claire veulent promouvoir une vision de l'économie de la mer plus large qu'elle n'y parait. La mer est source d'inspirations autant que d'applications. Ils souhaitent donc organiser un rassemblement autour des nouveaux entrepreneurs de la mer, début décembre 2015.
Un autre projet en parallèle vise à rassembler des communautés autour de la thématique des déchets, sur l'idée que les dispositifs mis en place doivent s'adapter à chaque zone concernée.
Dans l'ensemble, les objectifs sont de s'accorder sur les spécificités de l'écosystème local et d'adresser les thématiques territoriales (des entrepreneurs de longue date / des PME sont prêts à revoir leurs modes de réflexion / fonctionnement, une trentaine de partenaires sont intéressés).
Le projet bénéficie d'un portage politique, nécessaire à l'acquisition de financements privés. La question est de savoir quels porteurs de projets ils font venir en complicité avec la Paillasse. Pour eux, la Bretagne a une place a prendre dans le domaine de l'innovation et des océans. Festival Photoreporter par Alexandre
C'est un laboratoire à plusieurs niveaux. Tout d'abord en terme de financements de l'information et donc de son accès (le public internet est particulier, le public qui cherche l'information en est un autre, quid des autres ?). C'est également un laboratoire en terme de narration. Ce festival fait office pour eux de démonstration que la photo d'information est un outil populaire, qui rassemble du public. Il montre une capacité d'innovation sur le territoire et peut inspirer d'autres ambitions.
Ce festival aujourd'hui à sa 4ème édition acquière une certaine notoriété et sert de fait de véhicule pour accéder à d'autres interlocuteurs. L'ambition est de rassembler des communautés créatives autour de l'information. Le savoir faire autour de la production, de la recherche de financements n'est a priori pas propriétaire. Il y a des modèles économiques à créer sur la production de l'information: leur modèle à eux ne repose pas sur une plateforme de production de contenus (trop de mobilisation d'argent et de risque pour un public restreint).
Leur idée est que le journalisme est un métier exigeant pour produire un contenu de qualité. La fonction de directeur artistique elle est partageable : que se passe t-il si la diffusion est assuré par tous (via Twitter, des impressions et affichages à souhait). Cette liberté ne doit pas s'astreindre de zones de références. De la frugalité et l'agilité selon Alexandre
Ouvrir son écosystème, une certaine perméabilité permet d'avancer sur des problématiques que l'on peut avoir vis à vis desquelles d'autres peuvent apporter des solutions. Il donne l'exemple de leur rencontre avec wedogood, une plateforme d'investissement participatif, ou encore avec SubOceana (réalité augmentée pour une expérience sonore dans le cadre d'une expo photo ciblant les non voyants). Territoire de Saint-Brieuc vu par Alexandre
Il existe une complexité lié à la concurrence et la possibilité d'aggrégation des structures. Alexandre avec Saint Brieuc Factory (FabLab Municipal) expose une vision d'un territoire fait de différentes structures complémentaires accompagnant des projets à divers stades de maturité. En effet, à chaque stade on, à St Brieuc, présente des besoins qui peuvent être adressés par telle structure et pas une autre. (accompagnement adapté et efficient).